Le retour à Céphalonie s’imposait… il est parfois étonnant de voir la métamorphose subite de son conjoint en gamin boudeur et grognon, tout chiffon de quitter le petit port de Poros, où nous avions passé une semaine l’année dernière, pour s’en aller découvrir Leucade. J’avais pour mission cet été de le ramener en terre promise, de lui rendre ses petites habitudes estivales, sa plage… et son « yaourt au miel sur la terrasse à l’heure où le ferry arrive ».

Nous avons donc re-posé nos sacs à l’hôtel Oceanis de Poros, (Sud-Est de Céphalonie), que je vous recommande avec emballement : prix gentils, grande piscine, petits-déjeuners généreux, linge lavé gracieusement et situation panoramique qui domine toute la baie.

Si j’avais tenté d’expliquer l’année passée pourquoi nous aimons cette grande île ionienne (c’est ici), on va donner aujourd’hui dans le pratique :

Se rendre à Céphalonie :

Pas d’avion direct depuis la France, passage par Athènes obligé. Ensuite, soit vous enchainez avec un vol Athènes/Argostoli qui vous coûtera un bras sur un coucou d’Olympic Air (05h40 ou 20h35, horaires plus incommodes, on a rarement fait…) ou bien, vous faites comme les vrais gens. Vous vous rendez au terminal A de la gare routière (un quartier d’Athènes un peu moisi mais pas périlleux) pour trois heures de bus pour Patras : vous serez entourés de popes, de mamies en fichus noirs, de grecs qui beuglent dans leurs portables, de papis qui s‘interpellent d’un bout à l’autre du véhicule. C’est très charmant ! Á Patras, vous embarquez sur un ferry de la compagnie Strintzis Ferries qui vous amène au port de Sami (le bus, qui monte avec vous dans le bateau, continue vers Argostoli). Évidemment, vous y laissez une journée, mais on aime ce sas de décompression, ces quelques heures de transition où on glisse doucement d’un pays à un autre, d’une langue à une autre, retrouvant peu à peu nos repères, nos habitudes, nos traces laissées douze mois plus tôt.

Manger à Céphalonie :

Á Poros, voilà deux « cantines » où nous avons nos habitudes, pour des raisons très différentes.

Ταβέρνα Ηλιοβασίλεμα (Taverne Iliovasilema / Sunset), au dessus du quai des ferries. Cuisine simple et bonne, pas chère et pratique, situé à 20 mètres de l’hôtel Oceanis. On y vient surtout pour sa patronne (qu’on entend en général rire de très loin, on sait toujours quand elle est là…), Βουλα Πετρη, qui aime sa moto, les chats… et la musique. Car la demoiselle chante, et pas qu’un peu (elle a même enregistré deux CD). Il faut venir à l’heure grecque (pas avant 22h), envoyer de bonnes ondes, ne pas la stresser, et si les oracles l’ont décidé, elle prendra sa guitare. Vous passerez alors un bien joli moment, surtout lorsque les tablées de locaux reprennent avec elle des chansons traditionnelles. On a soudain l’impression jubilatoire de faire partie de la famille, de partager une culture, d’être les témoins privilégiés de ce qui fédère une communauté, la fraternité par la musique et le chant.

Ταβέρνα Ο Τζινας, sur le quai des voiliers. Tenu par un franco-grec, vous allez très bien dîner au bord de l’eau. Les recettes traditionnelles de l’île sont affinées (si vous souhaitez goûter la kréatopita, c’est ici qu’il faut venir) et son agneau au romarin vous laissera tout remué. Excellent bar rôti, desserts goûteux… et puis il a raison de remplacer les sempiternelles frites qui alourdissent les plats par un moelleux gratin dauphinois.

– Nous avons un gros souci avec son voisin direct, Διονυσος, que l’on retrouve dans nombre de guides mais qui ne nous a jamais plu (il faut dire aussi que cette table nous a rendu malades). J’ignore si le propriétaire a changé, s’il s’agit juste de la faute à pas de chance, mais nous ne partageons pas les lauriers qui lui sont souvent tressés. Á vous de voir.

Á deux kilomètres de Sami, nous conseillons avec enthousiasme la Ταβερνα Καραβομυλος, quasiment les pieds dans l’eau, sous l’ombre de grands arbres. Table des dimanches des familles du coin, on y mange très bien (excellent poisson, le patron est pêcheur) et on y trouve même des petits calamars* frais. Et quel bonheur sucré de se voir offrir avec le café des baklavas, aussi bons que ceux de l’Ouzeri Boudaraki de Parikia, à Paros.

Á Assos, encore un excellent déjeuner au Ο Πλατανος, grande taverne familiale où l’on déguste les produits de leur ferme : J-P maintient son appréciation, les meilleurs Παιδάκια (côtelettes d’agneaux grillées) se mangent là. Carte bien fournie, salades originales, fraîcheur des produits, nous, on aime beaucoup, comme le yaourt au glika de cerises, offert en dessert. Le service des ados de la famille, attentionné et  sincèrement soucieux de votre bonheur gustatif, est très touchant.

La suite au prochain post…

 

*Je sais, B., que l’on doit dire en français « calmars », mais bon, l’usage fait loi aussi parfois…