C’est sans regrets ni nostalgie que nous avons quitté Santorin, dès potron-minet, debout à cinq heures pour ne pas manquer le ferry Blue Star ; nous laissons loin derrière le capharnaüm et le tintamarre, soulagés de nous retrouver bientôt « à la maison », de reprendre nos petites habitudes, de retrouver Parikia et son kastro, les plages de sable blond, le calme des villages intérieurs, un rythme de croisière plus nonchalant, qui pourrait rappeler celui d’un paresseux au sortie de sa sieste. C’est étonnant comme les journées peuvent défiler à Paros, alors que nous passons notre temps le museau vers le ciel, à respirer l’air du temps qui passe, sans risque aucun de surchauffe. Mon ressenti de l’île n’a pas bougé d’un iota au long de ces onze années, où nous sommes revenus régulièrement lorsque le besoin s’en faisait sentir : le même accueil, la même chaleur, un plaisant mélange de sérénité et d’allégresse. De plus, les sirènes du profit à tout crin et de la surexploitation immobilière sont passées très au large, préservant l’île des dommages constatés en Crète et à Corfou. Sages habitants de Paros !

Inimaginable de ne pas nous poser de nouveau , pension maintes fois saluée par nombre d’internautes, qui ne tarissent pas d’éloges sur l’hospitalité, la gentillesse de Sofia et de Manolis. Nous avons vu leur fille et les arbres du jardin grandir, le français de Manolis devenir impressionnant, les lapins et les chats se multiplier, mais rien n’a changé dans leur manière de concevoir leur pension ; une grande famille où il fait bon vivre. Réservez très tôt, c’est plein de juin à septembre.

Aucune nouvelle table testée cette année à Parikia pour le dîner, tant nous aimons deux endroits que nous alternons, selon l’humeur du jour, l’Ouzeri Boudaraki et le Levantis. Le premier, situé très à droite sur le quai lorsque l’on a la mer dans le dos, est une petite taverne toute simple, pas chère, qui est restée fidèle aux plats traditionnels qu’elle sait faire. Mention spéciale pour les aubergines confites, plat modeste mais pourtant délicieux, qu’une certaine cliente québéquoise de ma connaissance prend même en dessert, c’est tout dire… surtout lors de soirées mémorables où la Suisse, la France et le Québec réunis, arrivent à faire plus de bruit que les tables de Grecs…

Avec le Levantis, au cœur du vieux Parikia, on monte en catégorie avec une cuisine plus élaborée et un cadre plus intimiste. Si les plats végétariens sont délicieux (linguine aux tomates rôties et sardines marinées, mijoté de légumes et d’olives, gnocchi maison à la roquette sauce aux noix), ma moitié se régale de l’agneau en feuille de vigne et féta aux herbes, du filet de porc aux pommes et aux raisins, sauce Mavrodafni, du ragoût de lapin au yaourt et aux aubergines. C’est aussi un des rares endroits où je prends un dessert, tout aussi pensé, construit, cuisiné, que les plats. L’addition s’en ressent mais reste en accord avec la qualité des mets.

Pour un petit en-cas, très bonne assiette de fromages grecs au Café Distrato, à savourer avec une Fix Dark, sous un arbre centenaire. Vous passerez obligatoirement devant ou dessous, en vous promenant dans les petites ruelles.

 

Les bus se faisant plus rares en septembre, il est préférable d’opter pour la location d’une voiture où d’un scooter ; trois jours et demi de location d’un gros quad nous sont revenus à 55 euros, hors essence, ce qui reste accessible.

Pensez aussi à réserver très tôt votre ferry, si vous continuez votre périple vers une île moins bien desservie ou qui ne voit plus passer que la compagnie SeaJet. Les seuls billets restant en classe supérieure peuvent tout à coup sacrément grever votre budget…