Si vraiment vous tenez à passer par Santorin, malgré toutes les réserves évoquées précédemment, il est possible de quitter l’autoroute balisée (Fira, Oia, Red Beach) et de mettre à son emploi du temps un peu plus de Grèce, en suivant d’autres chemins  … enfin, si on n’est pas trop regardant.

Contrairement à nombre d’îles, les plages de Santorin ne laissent aucun souvenir éternel ; elles sont toutes du même acabit, tapissées de transats collés-serrés,  bordées de tavernes et de bars à fort potentiel de décibels, qui nourrissent et abreuvent les clients, sous leurs parasols : imaginez l’état vers 19h, lorsque les gobelets de Frappés et les bouteilles de Mythos s’entassent… Kamari, Perivolos, Périssa sont aussi noires de monde que leur sable volcanique et leurs eaux souffrent de cette sur-fréquentation*. Si vous êtes motorisés, tentez Vlychada ou Monolithos, moins bien desservies par les bus mais plus tranquilles.
  

Les villages de l’intérieur permettent de retrouver un peu de calme, loin du bourdonnement continuel de la caldeira. Pyrgos, Akrotiri, Mégalochori méritent le détour, beaucoup plus sereins et moins trafiqués. Vous aimerez certainement, mais nous avons vu tant de villages à fort caractère dans les Cyclades ou les Ioniennes, tant d’endroits piquants, en relief, dotés d’une âme, que nous sommes devenus très difficiles. Disons qu’on y retrouve un peu de saveurs**, c’est déjà pas si mal.

Même côté assiette, Santorin ne m’a laissé aucun souvenir fort. Je ne parle même pas en matière gustative, mais un repas dans une taverne grecque est toujours un moment d’échange avec les patrons, les voisins de table, on s’enquiert du plat du jour, des spécialités, du fromage local, on finit souvent dans les cuisines quand la craie sur l’ardoise rend les plats grec illisibles. Á Fira, c’est l’usine, il faut réserver sa table même à 23h, tant le monde défile, défile, défile. On sent le stress des serveurs, les tensions d’un service ultra-speed, le patron rompu au business et plus aucune de ces gentilles attentions de fin de repas que tous les visiteurs apprécient dans les tavernes (fruits, douceurs, petites parts de gâteaux, baklava…) : vous n’êtes pas un hôte, juste un client. Évitez donc tout ce qui s’est construit sur la caldeira et préférez des tables ou des cafés sans doute moins bien situés, mais qui ne facturent pas d’abord la vue au prix fort, sans se soucier de ce qu’ils mettent sur la table. Á titre de comparaison, un ouzo et un mojito coûtent 17 euros à Santorin, 10 euros à Paros et 9 euros à Folégandros… prévoyez large côté budget.

En relisant ces lignes, je me dis que je ne donne décidément aucune raison valable de venir à Santorin***. Il y en a pourtant une de taille, si vous aimez les histoires, les vieilles pierres et les mythes. Il s’agit du site d’Akrotiri. Le prochain post vous dira pourquoi il est incontournable….

* J’ai quitté Santorin sous antihistaminique et tartinée de pommade, suite à des bactéries contractées à Périssa. D’accord, je sur-réagis volontiers aux agressions cutanées mais notre gentille logeuse n’a pas été étonnée de voir mes avant-bras couverts de boutons…

** Même si aucune comparaison n’est possible avec les villages de Chios ou de Tinos

*** Que l’on cesse de nous vanter le coucher de soleil sur la caldeira ! La Concorde à l’heure de pointe, vous voyez ce que je veux dire ? Et pour un coucher de soleil, certes graphique, mais qui n’a rien de vraiment particulier. J’ai choisi, pour illustrer l’album photo de Paros, le ciel de notre arrivée vers 19h30, le long du quai. Ça, ça a de l’allure, comparez !