Si l’on ne dispose que de quelques jours en hiver (eux-mêmes raccourcis par une durée d’ensoleillement rachititique – la nuit et les températures s’écroulant à 17h), impossible de visiter les deux doigts du Péloponnèse qui dessinent la région de la Laconie. Nous avons donc renoncé au dème de Monemvassia pour privilégier le Magne.

Le plus simple et le plus rapide consiste à emprunter le bus Ktel au départ du terminal A d’Athènes (odos Kifissou), toujours aussi sinistre, dans un quartier toujours aussi improbable, mais aucunement menaçant. Les bus sont confortables, fréquents et étonnement ponctuels. Même en plein hiver, il y a pléthore d’horaires pour relier Gythion via Sparte, où s’effectue la correspondance. Au final, comptez quatre heures et demie de trajet. Á l’aller, nous avons été accompagnés d’une pluie continue durant tout le voyage ; si le trajet n’est pas désagréable jusqu’en Argolide, la plaine de Tripoli, en janvier, par une matinée brumeuse, maussade et humide, est passablement lugubre : on se pendrait pour moins. Heureusement, à notre arrivée à Gythion, le grand beau était de retour et ne nous a pas lâchés du séjour.

Gythion, ancien port de Sparte, se trouve aux portes du Magne, posé entre mer et montagne – le golf de Laconie et la chaîne du Taygète. La petite ville, qui dégringole des hauteurs vers le quai, est absolument délicieuse ; pas de construction hideuse, de grand bazar à touristes, de verrue qui dénature et déshonore l’harmonie du lieu. Les toits de tuiles rouges, les façades colorées, les barques de pêcheurs, le bleu coupant du ciel et les neiges du Taygète composent un tableau délicat, gracieux et reposant. On s’y sent bien sur-le-champ et on a bien du mal à en repartir.

Où se loger à Gythion ? C’est le point faible de la ville, de ne proposer aucun hôtel digne de ce nom. Le Routard s’extasie sur la Saga Pension, tenue par une Bretonne depuis des lustres. C’est bien tout le problème. Le lieu est vieillissant, la déco hors d’âge, la literie totalement périmée (de quoi vous coller d’office un bon lumbago). J’ai beau appartenir moi aussi à la Chouchen Connection, je ne trouve en toute franchise rien à sauver dans un hôtel* qui laisse ses clients sans chauffage en hiver (l’installation est bien là mais les tuyaux restent désespérément froids) ; rien ne sèche, tout empeste très vite l’humidité, des serviettes aux vêtements, même fraîchement lavés. Nous avons fui au bout de trois nuits à l’Aktaion Hôtel, autre établissement en front de mer, impersonnel au possible et aussi peu engageant, mais chauffé par une clim’ réversible toute neuve ; une renaissance !

Côté table, dominance du poisson sous toutes ses formes, grillé, en soupe, en friture, et tout cela est très frais. La soupe de poisson à la grecque ressemble davantage à notre cotriade bretonne qu’à la soupe « moulinée », et elle tient bien au corps, croyez-moi. Il y a pas mal de tavernes le long du port, alimentées par les pêcheurs et les cartes se ressemblent toutes. Pas de coup de cœur réel, de repas mémorable, de plat remarquable (les pâtes aux langoustines de Pano Koufonissi auront du mal à trouver un challenger). On se nourrit correctement et richement mais « gustativement », ça manque un peu d’originalité et de finesse (je ne donne donc volontairement aucune adresse particulière).

Pour un « vrai » petit-déjeuner (puisque qu’aucun des deux hôtels n’en sert qui vaille le déplacement), nous passions rafler des douceurs à la pâtisserie de la place avant de nous attabler au café voisin pour le complément ; on se fait son petit coin entre le pope et les papis du quartier et on commence ainsi la journée avec le sourire.

Petit-déj’ de ma moitié, pourtant peu porté sur le sucre, les Dipla ; feuilles frites et roulées arrosées de miel… moi, je préfère les baklava !

Louer une voiture est obligatoire pour parcourir les environs (routes en excellent état) ; 25 euros la journée à l’agence Rozakis Travel, sur le quai, où le personnel est adorable, arrangeant, souriant. Pour le retour en bus vers Athènes, impossible d’acheter les billets dans cette agence. Il faut retourner là où le bus vous a laissés à l’aller et entrer dans la boulangerie pâtisserie qui fait office de bureau Ktel, à côté de la banque ; oui, c’est un peu bizarre mais c’est ainsi – et cela permet de perdre un bon en-cas avant de prendre la route.

Ah, contact important, Yorgos Hassanakos ! Son épouse et lui tiennent une boutique de souvenirs, journaux, livres… au pied de l’Aktaion Hôtel. Ce monsieur, charmant, accueillant, bienveillant et serviable, peintre et marionnettiste, est une mine de renseignements sur la région et se met en quatre pour vous faciliter le séjour. Il nous a véhiculés une demi-journée dans Gythion, ce qui nous a permis de pousser quelques portes. Mais ça, ce sera le sujet du prochain post…

 

* Il y aurait aussi beaucoup à dire sur le jus de d’orange coupé d’eau au petit-déjeuner… du jamais vu en quinze ans de Grèce, dans une région plantée d’orangers…