Corfou a essuyé un printemps particulièrement pluvieux, ce qui a conféré à sa campagne de très beaux paysages, des fleurs à foison, des collines bien vertes, des champs bordés de genêts et de coquelicots en pleine forme. C’est en suivant ses routes intérieures qu’on se souvient qu’elle est une ionienne, la grande sœur de Céphalonie, de part sa végétation et ses hauts cyprès qui pointent vers le ciel.

 

Si on longe la côte Ouest en descendant après la plage de Glyfada, on traverse une forêt d’oliviers, puis une sorte de sous-bois, avant d’arriver au village de Pélékas, haut perché sur le « Trône de l’empereur »,  point de vue remarquable sur le littoral, où venait méditer Guillaume II. On y monte surtout à l’heure du couchant, lorsque le temps est bien dégagé (je radote, mais quand les nuages plaquent leur brumaille sur le panorama, c’est tout de suite moins enivrant…).

Le soleil nous accordera une bonne heure de lumière et de relative chaleur à Sinarades, petit village de caractère où nous ferons une longue pause, ravis d’arpenter enfin des ruelles bordées de demeures relativement anciennes ; clocher du XVIIème, voûtes, arcades, escaliers de pierre, vigne en treille, café où des papis taiseux regardent défiler la journée, la Mythos à un euro cinquante, une parlote en trois langues, plus celle des signes, avec une mamie bien affable, tout ce qu’il faut pour nous redonner le sourire et redorer un peu le blason de Corfou. Comme indiqué sur le Routard, nous continuerons jusqu’à la falaise d’Aérostato, déserte, où la dispersion temporaire de la brume nous donnera enfin un bel aperçu de la côte et des plages en à-pic des falaises.

 

Faites l’impasse sur Agios Gordis, toujours en descendant vers le Sud (front de mer en béton, constructions anarchiques…) mais arrêtez-vous au bout d’une route en lacets qui monte sec, dans le tout petit village de Pendati, silencieux, discret, modeste. On en fait vite le tour mais il respire au rythme nonchalant des lieux bien ancrés dans le passé, qui n’ont pas l’intention de se renier.

Toujours plus bas, on atteint le lac Korission, et la plage d’Agios Georgios avec ses dunes de sables, qui serait magnifique sans des monceaux de détritus qui dégradent le lieu ; c’est la première fois, en quinze ans de Grèce que nous avons à déplorer un tel laisser-aller, une si manifeste démonstration d’abandon, de je-m’en-foutisme radical qui ne semble pas gêner les locaux : infrastructures délaissées, carcasses de buvette, ossature de taverne, poteaux rouillés, piliers de bois solitaires, bouteilles, canettes, plastique, métal, l’incurie la plus totale ! Visiblement, tant que la saison n’a pas commencé, transformer les plages en dépotoirs ne choque pas les corfiotes, nous si ! Les plages de Gardenos et d’Agia Varvara nous ont semblé plus propres mais pas encore bien nettes… de toute façon, sous le ciel chargé, y’a plus que des canards pour s’y balader…

Cette dégringolade le long de la côte Ouest prendra fin en bifurquant à l’Est vers le petit port (propre et silencieux) de Boukaris, où nous poserons enfin nos sacs. Le vieux village de Chlomos, accroché à son épieux rocheux mérite une visite, pour la vue que l’on a jusqu’en Albanie : la terrasse du café Balis est parfaite pour s’en mettre plein les yeux en dégustant un café (remarque pour les filles, le proprio a les mains bien baladeuses…).