Pour rejoindre Lesbos à partir d’Athènes, deux moyens habituels, l’avion et le bateau. Le ferry de nuit a pour avantage de ne pas croquer le temps des vacances et d’arriver bien en forme à destination. Deux compagnies desservent les Égéennes du Nord : Blue Star Ferries et Hellenic Seaways, que nous avons testées pour l’aller, puis le retour. Á tarif similaire, pour une cabine double extérieure (avec fenêtre), aucune hésitation possible, Blue Star Ferries propose une qualité de services bien plus élevée. Le ferry d’Hellenic Seaways est vieillissant, un peu usé et mal entretenu (ne pas être trop regardant sur la propreté de la douche dans la cabine…). Le B.S. Ferries part du Pirée à 20h, fait une escale à Chios et arrive à Lesbos à 08h. Le quai de départ pour les Égéennes du Nord est le E2, à l’opposé de celui des Cyclades (prévoir 20 minutes de marche si vous êtes lestés de bagages, depuis l’arrêt du bus X96 venant de l’aéroport).

Nous sommes arrivés au port de Mytilène, la « capitale » de Lesbos, un peu en dilettantes, sans aucune idée préconçue du lieu où nous allions nous poser. Le loueur de voiture qui nous attendait, nous envoya directement à Molyvos, le Sud de l’île étant balayé par un vent violent. Je le répète : Lesbos est la troisième plus grande île grecque après la Crète et Rhodes. Il est impossible de circuler dans l’île sans véhicule, le service de bus étant très limité. Si comme nous vous avez le temps de vous perdre un peu sur l’île, prévoyez deux points de chute successifs : l’un au Nord, l’autre au Sud pour limiter les kilomètres ; à titre d’indication, nous avons tout de même effectué en onze jours plus de 1000 kilomètres.  Nous sommes, c’est vrai, plutôt du genre gourmands de découvertes (vive les chemins de traverse, les pistes un peu chaotiques, les routes de montagne, – ma moitié ajouterait « et les nombreux demi-tours effectués suite aux lectures hasardeuses des cartes… » –, et passer de longues heures à rôtir sur une plage n’est pas notre occupation préférée. Oui, car on se baigne dès le mois de mai à Lesbos sans problème – même si certaines timorées de ma connaissance nous prévoyaient une eau frisquette. Les habituées des plages bretonnes ou de la Somme la trouveront délicieuse…

Á Molyvos, arrêt petit-déjeuner sur le port (ah, le premier yaourt au miel !), attablés au Sea Horse Hotel… pour faire simple, gros coup de cœur immédiat pour les gens, le lieu, l’ambiance. Renseignements pris, il reste des chambres libres et nous resterons là six nuits. Juste un détail pour ceux qui aiment les grasses matinées : le petit port abrite une vingtaine de bateaux de pêche qui reviennent tôt le matin. Dès sept heures, la journée commence avec moult palabres et vente du poisson à la hauteur des capacités vocales grecques… c’est un spectacle dont nous ne nous lassons pas, mais c’est un présupposé à prendre en compte.

Pour découvrir le Sud, nous descendrons ensuite vers Plomari et la côte, à la recherche d’un endroit aussi attachant que le port de Molyvos ; nos investigations tourneront au casse-tête, tant je suis partie du Sea Horse ronchon. Persuadée que nous avons vu le plus beau de l’île, je traîne les pieds et dénigre tous les lieux possibles, avant que J-P décide de prendre les choses en main. Il marquera d’indéniables points avec Pano sto kyma, un ensemble de huit studios les pieds dans l’eau, au bord d’une plage déserte (en mai…). Le couple de propriétaires est adorable, le calme, absolu, la vue, superbe. Les nuits fraîches gardent à bonne distance les moustiques, mais en été, vu les doubles moustiquaires installées et la présence de roseaux, donc d’eau douce pas loin, je serais sans doute moins enthousiaste.

Au nord – À Molyvos (Mithymna)

Sea Horse Hotel (En bas, sur le port) / www.seahorse-hotel.com

Au Sud – À Agios Isodoros, à 5 minutes de Plomari

Pano sto kyma (Plus bas que l’église, fléché et comme son nom l’indique, sur la vague, tout tout près des flots) / www.panostokyma.gr/fr

 

Côté tables, les amateurs de poisson seront aux anges… Les pêcheurs ravitaillent les tavernes en direct, et pour ma part, ça a été open-bar un soir sur deux (je parle du poisson, pas de boisson… ). Du bar grillé accompagné de fleurs de courgettes farcies, on frôle la perfection. Pour ma moitié, calmars et poulpes, petites fritures et copieuses salades à partager. De toute manière, on mange toujours bien en Grèce, même si je déplore souvent la dose d’huile d’olives phénoménale dans laquelle baigne le briam ou l’Iman bayildi.

À Molyvos (Mithymna)

Table du Sea Horse Hotel *4

Le poisson saute de la mer dans votre assiette, homard sur commande en fonction de la pêche, toujours une alternative végétarienne dans les plats du jour, baklavas et kadaïfi à tomber par terre…

Deux autres tables sur le port tout aussi recommandables

– The Octapus (nappe rouge, en angle) / http://www.octapus-restaurant.com

– To Ouzadiko tou baboukou (Grands panneaux bleus bordéliques, avant Octapus).

Apéro au Bazaar café, juste avant de tourner sur la zone piétonne du port.

 

À Skala Sykaminias

I Mouria tou Myrivili / www.skamnia.net.gr

Comme à notre habitude, on écoute où la tonalité grecque est dominante et on fait confiance aux locaux. Bonne taverne avec un service un peu speed, vu les tablées à satisfaire.

 

À Petra

Café-pâtisserie-glacier Tsalikis, sur la place centrale / http://www.tsalikis.com.gr

Ici, on oublie son régime et on plonge dans le sucre et le miel jusqu’aux oreilles. Quand on m’amène avec mon café des petits gâteaux aussi savoureux, j’ai envie de tout goûter (verdict sur la balance au retour = trois kilos qui n’étaient pas prévus…)

À Sigri

Australia Restaurant

Tenu par un Grec revenu du pays des kangourous, table simple avec des plats du jour savoureux. C’est bon et sans prétention, la fréquentation des papis du coin ne saurait mentir.

 

À Skala Éressou

Nous nous sommes contentés d’un cocktail de fruits frais au Café parasol, en front de mer, alanguis sur des coussins moelleux. Un bel endroit coloré et sympa, où les jeunes du coin se retrouvent pour jouer au tavli.

 

À Mytilène ville

Dans Ermou , la rue piétonne derrière le front de mer, deux tavernes valeurs sûres :

Averof (oui, comme le navire) et l’Ouzeri Kalderimi (Pâtisserie O Kimonas à côté).

Averof est vraiment brut de décoffrage, un vieil établissement où l’on choisit parmi les plats du jour, présentés de la cuisine ouverte sur la salle. Pas de panique si cela paraît un peu rugueux, c’est ultra frais, vraiment bon marché (deux plats et une demi-portion de bamies, un demi-litre de blanc, 16 euros !) et visiblement très fréquenté.

 

À Paralia Thermis

Nous nous sommes arrêtés par le plus simple des hasards, très affamés après une matinée chargée en visites, ici, chez Artemion. Une espèce de grand bazar devant lequel s’alignait une dizaine de Toyota de bergers et d’agriculteurs. Nous ne saurons jamais ce qu’ils fêtaient, peut-être juste le plaisir d’être ensemble, mais il y avait un bon niveau sonore, des toasts portés toutes les cinq minutes, de la bière et de l’ouzo coulant à flots, de nouveaux arrivants, des chaises qu’on ajoute et une table qui s’allonge. J-P dégustera ses padaïkia en se léchant les doigts ; je ferai pour ma part honneur à un briam. La table vaut autant pour son authenticité, son ambiance que pour ces plats sans chichis.

 

À Plomari

Deux quartiers à Plomari, celui au bord de la mer où s’alignent les tavernes de poisson, et le quartier historique, riche de kafeneios et vieilles tavernes. Dans ce quartier historique, record battu de l’apéro le moins cher en douze ans de Grèce, six euros pour un ouzo (Barbayanni, of course) et un gin tonic, au Kafeneio Koytzamani (Καφενειο Κουτζαμάνη). J’y reviendrai.

Au bord de l’eau, deux tavernes qui se valent, présence de popes et de leurs familles. Vu leurs tours de taille, ces popes aimaient la bonne chair, nous les avons donc suivis, avec raison.

– Taverne Seven Seas / http://www.seven-seas.gr

– Taverne Sea Shell (Αχιβαδα) – du bar, encore du bar…

Chez O Platanos, dans le quartier qui porte ce même nom, changement d’ambiance et d’époque. Taverne à l’ancienne, pas de carte, plats du jour déclinés en grec, plats à la casserole. Simple, très bon, pas cher.

 

À Melinda

Taverna Maria

Mon cher et tendre me parle encore de ces calmars comme les meilleurs jamais mangés en Grèce. Melinda, c’est un bout de nulle part, une fin de route, le genre d’endroit où je l’on se pose pour méditer ou écrire ses mémoires, un « middle of nowhere ». En mai, une seule taverne ouverte sur trois, deux seules possibilités de logement et une plage sauvage battue par les vagues. Mais des tablées de Grecs en ce dimanche chez Maria, tavern et room to let. Belle atmosphère, bonne table, bonnes ondes, belle vue… vous ne regrettez pas le détour. Nous retrouverons le gentil serveur à la distillerie Barbayanni de Plomari deux jours plus tard. Il nous expliquera qu’il travaille jusqu’à 14h à la distillerie, et là qu’il part assurer le service du midi et du soir à la taverne, – son emploi du temps de mai à septembre. Le prochain que j’entends dire que les Grecs regardent passer le temps en sirotant leur frappé, je le cogne !