B. et F. m’ont fait remarquer que j’étais un brin vacharde avec Naxos et que l’île avait tout de même quelques ressources pour visiteurs exigeants. Certes. Mais il faut basculer à l’opposé du Chora, pour goûter d’une tout autre atmosphère.

Une fois passée « Halki-la-surfaite où il n’y a rien à voir », il est bon de se perdre dans les villages de l’intérieur, accrochés aux collines, dont la saveur toute simple vous raccommode sur le champ avec une certaine Grèce. Filoti, Apiranthos*, Keramoti, Koronos, Koronida distillent un vrai charme, l’air de rien, modestement.

Il n’y a pas grand’ chose de vraiment sensationnel à y voir mais c’est un délice de se perdre dans leurs ruelles, de retrouver les papous qui s’embrouillent à une semaine des élections, d’acheter du fromage aux bergers du coin, de faire une halte sucrée après une jolie promenade, bref, de repasser au rythme hellène ; même architecture de maisons blanches blotties les unes contre les autres, de tours vénitiennes, de passages voûtés, de placettes ombragées, de balcons décorés, omniprésence de la pierre et du marbre… et du silence. Toute cette région très vallonnée est bien verte, recouverte de vignes, de vergers et d’oliviers et relativement préservée des hautes températures, car rafraîchie par les vents qui glissent sur le mont Zas (Zeus) et sur les chaînes de montagnes qui hérissent cette partie de l’île.

D’Apiranthos, il faut bifurquer vers la droite pour retrouver de superbes plages DÉSERTES, encore à l’abri des alignements hideux de transats et de parasols : Lygarida, Lionas, Kleidos et surtout Psili Ammos, grande étendue de sable blond bordée de tamariniers, qui nous rappellera Molos, notre plage favorite de Paros. Enfin de grands espaces, du calme, une poignée de familles grecques, quelques nordiques et c’est tout.

Si nous avons fini par enfin trouver le lieu parfait pour faire trempette, c’est le petit port de Moutsouna qui nous fera regretter d’avoir choisi un hôtel sur la côte Ouest. Moutsouna est l’ancien port d’Apiranthos, d’où partait l’émeri, extrait des mines des montagnes de Koronos. On peut toujours admirer le « chemin de fer aérien », construit à la fin des années 20, long de 9 kilomètres, haut de 40 mètres, qui reliait les cinq sites d’extraction aux calles des navires ; le transport n’était plus tributaire du relief escarpé, des crêtes et des à-pics, et les mulets pouvaient enfin souffler. La ligne restera en service jusqu’en 1978,  quand l’émeri perdra de sa superbe. Sur le port en lui-même, demeurent comme à Sérifos, les rails, les grues, les souvenirs des entrepôts. Moutsouna, outre la richesse de son passé, est un adorable endroit, coquet et tranquille où nous serions bien restés.

Donc, petit conseil à ceux qui n’ont pas envie de passer leurs vacances dans le stress, le vacarme et le béton, entourés de businessmen aux dents longues qui vous voient venir de loin, posez-vous là !

* village natal du héros national Manolis Glézos