Le centre historique de Gand nécessite donc une longue journée bien remplie pour en savourer tous les charmes.  Les deux jours suivants, nous les passerons à sillonner les autres quartiers de la ville le nez en l’air, à pousser les portes de quelques musées et à nous perdre dans les ruelles, à vélo. Les petits matins de novembre, la lumière très basse des rayons du soleil joue avec la brume qui tarde à se dissiper sur la Lys, rendant fantomatiques les constructions qui la bordent. Le silence, la léthargie ambiante, l’atmosphère cotonneuse, donnent à ce séjour hivernal dans la ville de Gand une saveur très particulière.

Nous nous sommes rendus le matin aux deux béguinages que compte la cité flamande. Le premier est situé au Nord Ouest, près de l’ancienne écluse du Rabot. Cet Oud Begijnhof (vieux béguinage de Sainte-Élisabeth) remonte au XIIIe siècle, même s’il n’offre plus du tout aujourd’hui le même visage. Le site est spacieux, ceint d’une double rangée de petites maisons basses et de demeures de briques plus imposantes, autour d’une église et de sa vaste pelouse. Le lieu est à l’abri des nuisances sonores, reposant, apaisant et hors du temps.

 

Plus au Sud, le détour par le Klein Begijnhof n’est pas forcément nécessaire : construit à la même époque, il est cependant moins remarquable, moins émouvant que le vieux béguinage. Si la façade de son église baroque est délicate, les bâtiments qui existent encore datent du XVIIe et du XVIIIe, sans rien de singulier qui accroche le regard. Disons que le lieu est bien situé pour faire une petite pause en remontant du Musée des Beaux-Arts, mais il ne mérite pas un détour pour lui-même.

Au sud donc, dans ce quartier des Arts, aux côtés du STAM que nous avons tant apprécié, on trouve le MSK (Musée des Beaux-Arts) et le SMAK (musée d’Art contemporain), – ancien casino de la ville-, tous deux situés à l’orée du Citadelpark, grand espace vert de 16 hectares. Les œuvres du MSK sont exposées aujourd’hui dans un bâtiment construit en 1902, pas terrible d’extérieur mais bien agencé et très lumineux. Le musée en lui-même date de 1798, au moment où les gouvernements autrichien, puis français, confisquaient les biens des églises et des couvents. Cette collection publique est donc d’abord un reflet très riche de l’art flamand du Moyen Âge au XVIIe, avant d’être enrichie de toiles plus récentes, issues de plusieurs courants européens (symbolisme, expressionnisme, surréalisme, jusqu’à Ensor, Delvaux et Magritte). Je fais partie des gens qui saturent assez vite dans un musée, incapables d’absorber un trop plein d’œuvres et qui finissent par ne plus rien voir. J’ai donc privilégié la partie flamande, qui justifie à elle seule la venue au MSK : triptyques religieux, peintures sur bois, les Bosch, les Maerten de Vos, Breughel le jeune, Rubens, Jordaens, van Dyck…, il y a vraiment de belles choses à voir dans ce musée un peu décentré et très calme.

Si vous venez avec des enfants, ils seront sensibles à la mise en espace de la vie quotidienne à Gand au XIXe de la Maison Alijn (Het Huis Van Alijn), située dans le quartier Nord de Patershol. Dans un ensemble de maisons-Dieu restaurées, on découvre un musée populaire qui retrace les grands rituels d’une vie (naissance, mariage, décès) dans des intérieurs reconstitués, des échoppes anciennes, les divertissements d’époque… même si on a plus dix ans depuis longtemps, on se prend vite au jeu de cette restitution très réussie, riche de meubles, d’objets, de photos qui nous familiarise en une heure avec la ville de Gand, et ses us et coutumes d’un autre temps.