Lors du dernier week-end à Amsterdam il y a quatre ans, je m’étais fait la réflexion que bien peu de passagers descendaient du Thalys à l’arrêt « Anvers ». J’en avais conclu que cette cité des Flandres sans canaux devait être bien peu affriolante, à moins d’avoir le compte en banque d’un prince du Qatar, pour frimer dans l’une des quatre Bourses du diamant que compte la ville.

Ce que l’on peut trimbaler comme préjugés, parfois ! Je me suis vertement tancée de ma sottise, au regard de la splendeur d’Anvers. Nous y sommes restés trois jours, ce qui est très insuffisant pour ce grand pan d’histoire qui vous gifle, du XVIème à nos jours. Contrairement à Paris, Anvers n’est pas une ville-musée endormie, on pourrait presque la rapprocher d’une certaine manière de Londres, qui fait, elle aussi, le grand saut entre un passé illustre et une modernité sans cesse renouvelée (toute proportion gardée).

Avant de plonger dans ses entrailles, rapide tour d’horizon « de l’Anvers pratique », parce qu’il n’y rien de pire que d’arpenter les rues et les églises le ventre vide…

Si vous arrivez par le train, vous pouvez retirer votre City Card, (24, 48 ou 72 heures*), réservée par internet, au kiosque d’informations de la gare centrale. C’est le passe magique qui vous ouvre toutes les portes des joyaux de la ville (réductions diverses itou), amorti dès le quatrième musée. La gare se trouve en plein quartier des diamantaires et vous croiserez donc en sortant, nombre de juifs hassidim en tenues sombres – déjà présents dès le XIIe, – qui travaillent dans les 1 500 sièges de sociétés diamantaires (85% de la production mondiale de pierres brutes passe par Anvers). Mais à moins d’être venu pour votre bague de fiançailles, c’est un endroit ultra-sécurisé où il n’y a rien à voir.

Nous avons logé dans la vieille ville, à cent mètres de la Grand-Place (Grote Markt) et de la cathédrale, dans un hôtel douillet, à la jolie déco ; le coût s’en ressent ! Hôtel Matelote, chambres premier prix (100 euros tout de même) un peu petites, préférez les Deluxe Cosy, voire les Suites, si vous êtes en fonds. En plus de son excellente situation dans une rue piétonne, on trouve à vingt mètres un bar à bières très couleur locale et à l’angle, une excellente pâtisserie pour les douceurs du petit-déjeuner ; brioches, torsades feuilletées, pains fourrés, biscuits sablés accompagnent le premier café, puis le second, voire le troisième, pris en terrasse au café du coin (nous testons rarement les petits-déj’ des hôtels, souvent aseptisés. Mon estomac est aussi très peu demandeur du breakfast complet du Nord et de son fumet d’œufs/fromage/jambon, à huit heures du matin…).

 

Comme à Amsterdam, Bruges ou Gand, vos mollets assureront vos déplacements ; le quartier historique est interdit aux voitures, ce qui permet de lever le nez sur les détails des façades sans danger. Pour se promener au bord de l’Escaut et relier les deux quartiers, au Nord et au Sud du centre historique, on enfourche un vélo. Soit vous testez le Vélib’ anversois pour la journée, soit vous louez une bicyclette sur le Steenplein, au bord de l’Escaut, à 150 mètres de la Grand-Place, (entrée du local de location directement dans les toilettes publiques… bizarre, mais c’est ainsi !).

Anvers est une ville cosmopolite où l’on peut déguster toutes les cuisines du monde – ce n’est pas un port pour rien. Nous avons préféré nous en tenir aux saveurs belges, même si quelques fois un peu rugueuses : croquettes de crevettes, asperges à la flamande, waterzoi de poissons, viandes mijotées, carbonades, cabillaud à la sauce hollandaise, hochepot… arrosés de bières belges aux mille saveurs. Il y en a pour tous les palais, des douces, des ambrées, des corsées, des épicées, des délicates, des élégantes, des raffinées… Au lieu de regarder niaisement des cartes longues comme le bras où s’affichent des noms bien souvent énigmatiques pour moi, je laissais faire le/a serveur/euse pour l’accord bière/plat : pas une fausse note !

 

Déjeuners :

Stadsherberg – Kaasstraat, 3 (près de la Grote Markt)

Nous avons demandé en arrivant à l’hôtel une adresse typique, où on ne mange qu’Anversois… on n’a pas été déçu ! C’est une brasserie un peu brute, à l’accueil « frais », pas du tout l’endroit pour un repas romantique mais une bonne entrée en matière pour plonger dans l’ambiance flamsk’(ou Vlaams, si vous parlez le néerlandais).

Chez Fred – Kloosterstraat, 83 (entre le centre historique et le Zuid)

Petite cantine du midi comme il y en a tant à Anvers. Quelques tables en terrasse, carte courte mais bien troussée et délicieux plats végétariens.

De Herk – Reyndersstraat, 33 (pas loin du musée Plantin-Moretus)

Petit resto caché dans une cour charmante. Service assuré par une seule jeune fille totalement dépassée, mais repas correct.

Dîners :

‘t Hofke – Oude Koornmarkt, 16 (près de la Grote Markt)

Notre coup de cœur, découvert par hasard en suivant un passage entre Oude Koornmarkt et Hoogstraat. Croquignolet resto avec jardin intérieur, plats ultra-frais et goûteux, sauces à tomber. Service un peu longuet mais en vaut la peine (quelques commentaires mitigés sur Tripadvisor mais venant de Belges d’Anvers… avis bidonnés des concurrents ??)

Het Vermoeide Model – Lijnwaadmarkt, 2 (près de la cathédrale)

Une institution du coin. On y dîne sur plusieurs étages et surtout sur le toit, qui est une des terrasses de la cathédrale (!!!). Belle situation donc mais un peu usine, avec des tablées de Belges venus croquer des moules/frites. Moins mimi que le précédent.

De toute façon, on ne meurt pas de faim à Anvers : salons de thé, friteries, chocolateries, pâtisseries, bars à bière… on mange partout et à toute heure. Pas donné tout de même, prévoir un bon budget « couette et assiette » si vous voulez profiter des douceurs d’Anvers…

 

*19 euros pour 24 heures, 25 euros pour 48 heures ou 29 euros pour 72 heures.